Sophie Delila reprend What’s Going On de Marvin Gaye
15 décembre 2008Du home studio familial où elle a passé son enfance, en passant par New York, puis Londres (ou elle est désormais installée), Sophie Delila a fait de la musique sa langue maternelle. Auteur, compositeur, interprète et productrice, Sophie s’inspire aussi bien des maîtres Stevie Wonder, Aretha Franklin que de leurs héritiers (Lenny Kravitz, Erykah Badu, Prince), sans omettre l’énergie pop et rock (Beatles, Coldplay). Le premier single Nature of the Crime est déjà en playlist sur un maximum de radios.
SOPHIE DELILA. « HOOKED »
Rares sont les artistes contemporains capables d’exprimer toute la richesse et la profondeur de la soul. Un genre que Sophie Delila, auteur, compositeur, interprète et productrice, s’est approprié avec grâce et modernité dans son album, Hooked.
Quand elle était petite, Sophie Delila n’avait ni cheval à bascule, ni maison de poupées dans sa salle de jeux. Mais plutôt des guitares, des huit-pistes, et des orgues vintage. C’est là, dans le home-studio familial, qu’elle s’éveille à la musique. Sur la platine : les disques de Stevie Wonder, Michael Jackson, George Benson et Aretha Franklin ; autour du piano, Marvin Gaye et Ray Charles, venus écouter en personne les dernière compositions de son père, pianiste et songwriter. Inutile de se demander, dès lors, pourquoi Sophie Delila a fait de la soul sa langue maternelle.
Bientôt, il lui faut s’exprimer à son tour : elle n’a que dix ans quand elle compose et enregistre ses premières chansons. Quelques années plus tard, elle écoute en boucle Lenny Kravitz, Jamiroquai, Erykah Badu ou D’Angelo, héritiers modernes d’un genre qu’elle connaît déjà par cœur. La pop et ses guitares ne sont pas en reste avec comme maîtres d’œuvre les Beatles ou les Kinks. A l’heure où Protools et GarageBand ne sont encore que des rêves futuristes, Sophie s’est déjà familiarisée avec les techniques de programmation musicale, qu’elle applique à ses démos, entre deux concerts.
Alors qu’elle prépare son bac, Sophie est acceptée au prestigieux Berklee College Of Music de Boston, qui compte, parmi ses anciens élèves, Quincy Jones, Keith Jarrett ou Diana Krall. Là-bas, elle parfait sa culture musicale et son chant, et s’immerge dans le jazz et le gospel.
Son diplôme en poche, Sophie s’installe à New-York. Très vite, elle évolue dans la scène néo-soul underground de la Big Apple. Au fil des rencontres, elle pose sa voix sur les chansons d’autres artistes, en produit certains, mais continue à écrire ses propres morceaux, qu’elle interprètera même sur la scène du mythique club Blue Note. Elle finit par les réunir dans un premier album : All Yours, baigné dans la lumière soul d’un été passé à Brooklyn, sort en 2005, entièrement produit par Sophie. Une aventure riche en enseignements, la sortie d’un disque autoproduit et promu avec des moyens indépendants supposant une totale implication personnelle.
Sentant qu’un premier chapitre de sa carrière vient de s’achever, elle décide de changer d’air, et traverse l’Atlantique, direction Londres et sa légende rock : « j’ai voulu me rapprocher du son pop, garage, “pas très propre”, pour le mélanger à mon style. Je voulais que mes chansons aient un côté plus incisif. » Là-bas, Sophie se rapproche de ses premières influences pop uk ainsi que d’artistes actuels tels que Coldplay, Snow Patrol et The Feeling ; elle joue davantage de guitare et écume les concerts.
En studio, elle rencontre le producteur Steve Booker (Natalie Imbruglia, Duffy), elle sent que sa griffe plus rock viendra à merveille orner ses chansons. Leur première collaboration, « Nature Of A Crime », lui donne raison : une note de piano solennelle lance, sur un groove urgent, un tourbillon de violons qui viennent envelopper la voix, expressive et chaude, de Sophie. Une tonalité dramatique, qui convient parfaitement à cette histoire d’amour brisée malgré soi. Sophie et Steve s’enferment alors en studio pendant plusieurs mois, certains d’avoir trouvé le ton de ce qui deviendra ‘Hooked’, le premier album studio de Sophie.
Cette couleur plus sombre, si différente de la pop de son premier disque, Sophie l’explique par une évolution de son état d’esprit, sans doute dûe à son installation à Londres, une ville plus dure, plus sombre que New-York. Une profondeur de ton qu’elle a souligné par de somptueux arrangements de cordes : « je savais qu’elles formeraient un contrepoint idéal au chant, et qu’elles donneraient de l’ampleur aux morceaux. En tant que musicienne, je suis passionnée par l’harmonie, et il n’y a rien de tel que les cordes pour la mettre en valeur. »
En studio, Sophie a travaillé avec le producteur Blair MacKichan (Lily Allen) ainsi que Julien Jabre et Michael Tordjman, deux pointures de l’électro française (dont on peut particulièrement retrouver la patte sur « Better Side »). Ont également participé : Simon Hale, arrangeur de cordes pour Seal, Just Jack, Des’ree, McFly, Jamiroquai ; Robert Kirby : l’arrangeur de Nick Drake, qui a aussi travaillé avec les Magic Numbers ; Derrick McKenzie : batteur de Jamiroquai ; Jon Kelly, anciennement ingénieur assistant de George Martin et connu pour ses productions avec Kate Bush, Tori Amos et plus récemment Tom Baxter. « Last but not least » : Steve Booker qui au final apporte sa touche sur la majeure partie de l’album. Mais c’est Sophie qui a joué la majorité des instruments, et supervisé la production de Hooked : un travail qui lui procure autant de plaisir que l’écriture ou l’interprétation, et qui reste encore trop rare chez les artistes féminines.
Si Hooked est un album grave, son énergie urbaine et sa richesse l’empêchent de verser dans la mélancolie. La soul permet l’expression d’une infinie palette d’émotions, que Sophie maîtrise parfaitement : ainsi, « Spirit Of Love » et ses envolées gospel, ou le rock steady « Blue Sky » qui vient apporter la lumière et la soif de vivre qui font, elles aussi, toute la noblesse du genre.
On l’aura compris, Sophie Delila a peut-être, au cours de son existence, passé plus de la moitié de sa vie en studio. Désormais, c’est la scène qu’elle s’apprête à investir. Nul doute qu’elle saura en faire, là encore, un formidable terrain de jeux.