Roundup : le désherbant psychopathe
13 janvier 2009Une nouvelle étude menée par l’équipe du biochimiste Gilles-Eric Séralini (Université de Caen) met à nouveau en cause le « désherbant intelligent » Roundup, produit par la compagnie américaine Monsanto. Roundup avait déjà fait l’objet d’études scientifiques, qui portaient sur les conséquences d’une exposition à forte dose. Aujourd’hui, Roundup a été testé pour une exposition à dose infinitésimale, et les conclusions sont inquiétantes…
Roundup est un herbicide total et non sélectif, utilisé aussi bien par les grosses exploitations agricoles que par les particuliers. Grâce à la mise en vente des cultures Roundup ready depuis 1996, la compagnie américaine Monsanto s’est implantée partout dans le monde : un gène résistant au Roundup a été introduit dans des plants de maïs, de soja et de coton, ce qui simplifie le désherbage, et rend la culture beaucoup plus rentable. Résultat : une dépendance totale au roundup pour toutes les cultures concernées. Le prix du Roundup a d’ailleurs curieusement explosé ces dernières années…
L’utilisation massive de Roundup présente d’autres caractéristiques particulièrement catastrophiques : érosion des sols, problèmes sanitaire, maladies humaines et animales. L’EPA américaine (US Environmental Protection Agency) avait déjà constaté les effets néfastes à court et long terme de l’exposition au Roundup à forte doses : congestion des poumons et accélération de la respiration, endommagement des reins, effets sur la reproduction. Le Roundup est lessivé jusqu’au sol, et détectable dans tous les cours d’eau proches des plantations qui l’utilisent (rivières et nappes phréatiques. Dans certains cas de pulvérisation aérienne, le Roundup peut être transporté par le vent, et atteindre des parcelles avoisinantes, habitées ou non…
Aujourd’hui, Gilles-Eric Séralini diffuse les résultats de ses dernières recherches sur le Roundup. Il constate qu’à dose infinitésimale, le Roundup (son principe actif, un produit de sa dégradation, un adjuvant ou sa formulation comerciale) est susceptible de provoquer nécrose, asphyxie et dégradation de l’ADN. Les essais ont été menés sur des cellules humaines, prélevées dans le sang du cordon ombilical, le placenta ou les rein d’embryons.
Monsanto nie la validité des tests, qui viennent pourtant confirmer des études menées en 2005 par Rick Relyea (Université de Pittsburg) sur l’impact de l’un des adjuvants du Roundup sur les amphibiens : « Le protocole utilisé conduit à exposer directement des cellules de cordon humaines au produit alors que cela ne se produit jamais dans les conditions réelles d’usage du Roundup (…). L’étude de M. Séralini détourne intentionnellement l’usage normal de Roundup afin de dénigrer le produit, alors que sa sécurité sanitaire est démontrée depuis trente-cinq ans à travers le monde. »
Il y a quelques années encore, le Roundup affichait une étiquette vantant sa biodégradabilité. Après une condamnation aux Etats-Unis, puis en France, pour publicité mensongère, Monsanto a dû renoncer à cet argument : en sera-t-il de même pour la fameuse « sécurité sanitaire » ?